un habitat autrement !
Nous étions réunis le 30 mai 2018 à l’occasion de notre Assemblée générale annuelle pour faire le bilan de l’année 2017 et parler de l’Habitat Autrement.
Lors de ce Mercredi d’AgiSENS un peu particulier, trois acteurs ont présenté leurs initiatives démontrant qu’un Habitat autrement est possible.
Qu’est-ce que l’on entend par habitat autrement ?
L’habitat autrement rassemble toute initiative qui, dans le domaine de la construction ou de la gestion de l’habitat, apporte un aspect innovant, une réponse à des attentes en matière de
logement. Il s’inscrit parfois en opposition à l’habitat dit traditionnel.
Pourquoi aborder ce sujet ?
Tout d’abord en raison de l’explosion du prix de l’immobilier qui exclut toujours plus de Français de l’accès à la propriété. Quant aux locataires, le budget alloué à leur habitat peut
représenter jusqu’à 1/3 de leur budget.
Par ailleurs, nos modes de vie individualistes nous éloignent d’un habitat sociabilisant et solidaire. L’habitat participatif et coopératif promet plus de solidarité et d’efficacité économique, sociale et environnementale.
L’association Espoir Gessien, représentée par sa vice-présidente Christiane Rychen et accompagnée de Joselyne Wenger, bénévole de l’association, nous ont fait le récit de leur aventure à quatre roues. L’histoire commence par une interrogation : comment permettre à des personnes en grandes difficultés et démunies de tout de s’en sortir ?
L’approche devait être pragmatique. L’inspiration vint d’abord des Bungalow hébergeant les SDF à Genève. Au détour d’un reportage, l’idée de créer des Tiny houses émerge. Il fait dire que ces mini-maisons mobiles originaires des Etats-Unis ont tout pour plaire. Montées sur remorque, elles sont peu coûteuses, pratiques et équipées de tout le confort moderne : lave-linge, four, électroménager... L’optimisation de l’espace ferait presque oublier sa relative étroitesse.
Initiative très innovante et originale, elle permet de répondre au problème majeur du logement pour les personnes en grandes difficultés. Il s’agit pour eux d’un pied à terre en attendant de surmonter leur situation. En outre le terrain est mis à disposition par la mairie.
Devant une assemblée captive, la vice-présidente rappelle que le logement est une première étape vers la reconstruction…
La Ruche de Saint Cassin est un habitat partagé qui est le fruit d’une entreprise privée d’habitants.
Les personnes qui y vivent, viennent nous expliquer leur choix de vie !
Comment être propriétaire d’un bien aux abords de la ville lorsque l’on a un budget serré et pour ambition d’aller chaque matin à vélo au travail ? La mutualisation d’espace serait peut-être un début de réponse. C’est à deux qu’Amélie Terreaux et Mathieu Chatagnon sont venus nous parler de leur petit cocon. Après un travail de longue haleine sur l’aspect technique et financier du projet, Amélie nous parle des nombreuses entraves dues à une règlementation législative encore peu efficiente.
Elle explique par là-même en quoi l’addition des contraintes liées à ce type d’entreprise peut expliquer le fait que nombreux projets similaires soient tués dans l’œuf. Mathieu Chatagnon rappelle quant à lui l’importance que chacun définisse et verbalise ses envies. La communication non violente se trouva alors être un outil de compréhension et de respect des envies de chacun.
Spécialement conçue pour allier vie privée et vie sociale, l’habitation compte des pièces en commun dont une pour recevoir et un jardin pour que les enfants, mais aussi bien entendu des parties privatives dont un appartement avec parking et balcon personnel sans vis-à-vis. Cette association fût tellement bien réussie que les enfants n’ont pas conscience de la particularité de leur habitat, nous partage avec humour Amélie.
La singularité de leur habitat et cadre de vie force l’admiration et éveille beaucoup de questions dans l’assemblée. Leur témoignage ouvre l’avenir d’un habitat autrement, plus intelligemment géré et près de l’essentiel.
"Au Bercail" (pico-promotion) est une société de promotion delogements/habitats participatifs pour un habitat convivial et écologique à deux pas de la ville. (4 logements à Oullins (69) en région lyonnaise)...
Pico de l’italien « piccolo » signifie « petit ». Petit car Sarah Cohen et Claire Lucas, deux passionnées de développement durable et d’urbanisme, développent des projets d’habitat en ville privilégiant avant tout la qualité du cadre de vie, la mutualisation des espaces et le respect de l’environnement aux grandes surfaces énergivores. Leur première œuvre va bientôt voir le jour : trois petites maisons à Oullins (69) dans un lieu qui offre un cadre bucolique à deux pas de Lyon.
Mais le chemin fût semé d’embuches. Leur démarche alternative rencontre parfois la défiance des financeurs traditionnels du fait du caractère particulier de la société. Cela les poussera à se financer auprès de structures non conventionnelles pour la plupart d’entre elles. Mais comme le rappelait Philippe Vachette, innover, n’est-ce pas désobéir aux règles établies ?
Par leur approche novatrice, les deux entrepreneuses souhaitent également intégrer davantage les propriétaires aux projets. Créer ensemble les espaces de vie de manière intelligente, en voilà une autre façon de penser l’habitat autrement.